Que faire après une chute de marché ?

Découvrez des stratégies éprouvées pour investir après un krach. Apprenez s'il faut acheter la baisse (buy the dip), utiliser la moyenne d'achat (dollar-cost averaging) ou attendre - avec des données historiques sur les krachs du S&P 500.

Que faire après une chute de marché ?

Cette semaine, un nouveau séisme a secoué les marchés financiers. Donald Trump, désormais réélu et fidèle à sa ligne dure, a annoncé une hausse massive des tarifs douaniers sur les importations chinoises, déclenchant une onde de choc sur les bourses mondiales. Le S&P 500 a perdu plus de 9 % en quelques jours, tandis que le NASDAQ a effacé plusieurs mois de gains. Les manchettes s’emballent.

Face à cette turbulence, notre cerveau limbique crie à la panique. Pourtant, l’histoire nous enseigne une autre leçon. Posons-nous non pas la question émotionnelle « Faut-il vendre ? », mais la question rationnelle : « Que nous révèlent les données historiques sur ces épisodes de volatilité ? »

Le paradoxe des marchés : chaque crise semble unique, mais toutes se ressemblent

Il suffit de regarder en arrière. Depuis plus de 70 ans, les marchés ont été secoués par des crises majeures : récessions, scandales, guerres, pandémies… Et pourtant, le S&P 500 a affiché un rendement moyen de 10 % par an depuis 1950. La croissance n’a jamais été linéaire, mais elle a toujours été résiliente.

Dont Stop Investing

J’ai compilé les événements majeurs du dernier siècle et les ai mis en parallèle avec l’évolution du S&P 500. Chaque pic de panique semblait justifier une fuite : la guerre du Vietnam, le krach de 1987, la faillite de Lehman Brothers, la Covid-19, et aujourd’hui… les taxes trumpiennes.

Mais tous ces épisodes, aussi dramatiques soient-ils, deviennent invisibles à l’échelle du long terme.

Ce visuel illustre une vérité fondamentale : le court terme est bruyant, le long terme est puissant.
Laisser ses émotions dicter ses décisions, c’est naviguer à vue. Avoir une vision long terme, c’est garder le cap, malgré la houle.

N’oublions pas : les médias sont les marchands de la peur. Leurs titres sensationnalistes font grimper leurs métriques d’audience. À chacun son incitatif.

Le piège du market timing : quand l’inaction coûte plus cher que l’erreur

Nombreux sont ceux qui guettent “le bon moment” pour investir. C’est humain. On veut éviter les pertes, acheter au plus bas, vendre au plus haut. Mais cette quête du timing parfait relève de l’illusion. Les marchés sont par nature imprévisibles. Les professionnels eux-mêmes s’y trompent.

Si vous aviez manqué seulement les 10 meilleures journées en bourse, votre portefeuille aurait été divisé par deux. Et ces journées arrivent souvent juste après les pires.

Exemple frappant :

  • Le 16 mars 2020 : le Dow Jones chute de près de 13 %, une des pires journées de l’histoire.
  • Le 24 mars 2020 : +2100 points sur le Dow Jones, la plus forte hausse en 80 ans.

Sortir du marché après une chute, c’est souvent rater le rebond. Et ce rebond, c’est lui qui fait toute la différence. Ce qui paralyse l’investisseur, ce n’est pas le manque de connaissances, c’est l’émotion : peur, regret, doute. Mais la bourse ne récompense pas la peur. Elle récompense la discipline.

Les probabilités de succès : le temps comme allié

Probabilités

Plus votre horizon d’investissement est long, plus vos chances de perte s’approchent de zéro. L’investissement est un jeu de durée, pas de timing. Ceux qui gagnent sont ceux qui restent.

Lump Sum ou DCA : deux stratégies, une même destination

Vous venez de recevoir une somme importante : prime, héritage, vente d’actif.
“Dois-je tout investir maintenant (Lump Sum) ou y aller progressivement (DCA) ?”
La réponse dépend plus de votre psychologie que des chiffres.

Le Lump Sum

Investir tout d’un coup maximise le temps sur le marché, donc l’effet des rendements composés.
Statistiquement, le Lump Sum bat le DCA, car les marchés montent plus souvent qu’ils ne baissent.

Chaque jour hors du marché est un jour sans croissance.

Mais cela demande une tolérance émotionnelle élevée. Si le marché chute après votre placement, il faut garder son sang-froid.

Le DCA (Dollar Cost Averaging)

Le DCA consiste à investir par tranches régulières, par exemple 5 000 $ par mois pendant 10 mois.
Cela réduit le stress, lisse le prix d’entrée, et désamorce la peur.

Le DCA ne maximise pas les gains, mais il minimise les regrets.

C’est une excellente stratégie pour ceux qui hésitent à investir d’un coup.

Le mythe de la “décennie perdue”

À chaque crise boursière, les critiques du etf indiciel refont surface. L’exemple favori : la fameuse “décennie perdue” des années 2000, quand le marché a mis plusieurs années à retrouver ses sommets.

La décennie perdue

À ces détracteurs, rappelons que leur scénario repose sur des hypothèses biaisées :

  • Investissement unique au sommet de 2000
  • Aucun apport par la suite
  • Dividendes ignorés

Qui investit réellement comme ça ?

Comparaison des stratégies d’investissement après le krach de 2000

Stratégie Approche Capital initial Réinvestissement des dividendes Solde final Rendement annualisé (nominal) Rendement réel (inflation déduite)
1. Capital initial + DCA 10 000$ initial + 400$/mois 10 000$ ✅ Oui 67 710$ +21,08% +18,10%
2. Capital initial seul Investissement unique de 10 000$ 10 000$ ✅ Oui 9 035$ -1,01% -3,45%
3. Sans dividendes Investissement unique de 10 000$ 10 000$ ❌ Non 7 587$ -2,72% -5,12%

Principales conclusions :

  1. L’approche combinée surperforme : La stratégie associant 10 000$ initiaux et des versements mensuels de 400$ a généré 67 710$, malgré le krach.
  2. L’importance du timing : Un investissement unique de 10 000$ effectué au sommet de la bulle n’aurait valu que 9 035$, même avec dividendes réinvestis.
  3. Rôle clé des dividendes : L’absence de réinvestissement des dividendes a entraîné une perte supplémentaire de 16% (9 035$ → 7 587$).

Période d’analyse : Mars 2000 à 2009
Classe d’actifs : S&P 500 (incluant les options de dividendes)

Sources :

En réalité, la “décennie perdue” n’a concerné que ceux qui :

  • Ont tout investi d’un coup au pire moment
  • Ont ignoré les dividendes
  • N’ont pas profité des bas prix pour accumuler

Votre check-list anti-crise :

  • Toujours réinvestir les dividendes
  • Maintenir un flux régulier d’investissement (DCA automatisé)

Le comportement de l’investisseur pèse plus que le timing.

Petit lexique : comprendre le CAGR

Le CAGR (taux de croissance annuel composé) mesure la performance annualisée d’un investissement, en tenant compte de l’effet cumulatif. C’est l’indicateur le plus fidèle pour comparer des performances sur différentes périodes.

L’arme secrète : la magie des dividendes réinvestis

Les entreprises du S&P 500 distribuent chaque année des dividendes. En les réinvestissant, vous acquérez davantage de parts, amplifiant ainsi vos rendements futurs. Imaginez une boule de neige qui grossit en dévalant la pente : chaque dividende réinvesti ajoute sa couche de neige.

Ainsi, la fameuse “récupération de 7 ans post-2000” se réduit considérablement avec les dividendes réinvestis.

Les black swan : ces jours rares qui frappent fort

Distribution des variations quotidiennes du S&P 500

Le graphique ci-dessus représente la distribution des rendements quotidiens du S&P 500 depuis 1950.
Chaque barre indique combien de fois le marché a enregistré une variation donnée. La majorité des jours se situent autour de 0 %, ce qui est normal. Mais regarde ce qu’on trouve dans la queue gauche de la distribution…

📉 Le 3 avril 2025, le marché a chuté de -4,84 %.
Ce jour-là s’inscrit dans une extrême minorité de jours : ceux que l’on appelle les “black swans” ces événements rares, imprévisibles, mais à fort impact.

Le terme vient d’une croyance longtemps répandue en Europe : tous les cygnes étaient blancs jusqu’à la découverte de cygnes noirs en Australie au XVIIe siècle. Ce choc face à l’inattendu a inspiré l’auteur Nassim Taleb pour désigner ces phénomènes qui déjouent nos modèles, mais que l’on explique toujours trop facilement après coup.

Un black swan, selon Nassim Taleb, est un événement :

  • Rare et inattendu
  • Qui a un impact majeur
  • Que l’on rationalise a posteriori comme “prévisible”

Ces journées extrêmes,souvent synonymes de panique ou d’euphorie, sont les exceptions qui façonnent les performances de long terme. Elles ne se voient pas à l’œil nu sur une moyenne annuelle, mais elles pèsent lourd dans les rendements cumulés.

Et surtout : elles arrivent sans prévenir.

Ce qu’il faut retenir ?

  • Sortir du marché “le temps que ça se calme” est souvent une erreur.
  • Être investi pendant ces journées, même si elles sont rares, peut faire toute la différence sur 20 ans.

L’essentiel à retenir

Oui, les marchés peuvent stagner plusieurs années. C’est normal.
Cela ne remet pas en cause la stratégie indicielle.

Cela signifie simplement :

  • N’investissez pas en actions pour un projet à court terme (mariage, mise de fonds, auto).
  • Adoptez une perspective de 10 ans minimum.
  • Acceptez que les rendements ne soient pas linéaires, ils arrivent par à-coups.

Investissez sans relâche

Les marchés vacillent, les actualités font peur, mais le long terme reste implacable. Qu’importe les tarifs, les guerres, les virus : la richesse se construit avec constance, pas avec des prédictions.

Gardez en tête :

  • Les crises font partie du jeu.
  • Le temps sur le marché prime sur le timing du marché.
  • L’inaction disciplinée surpasse l’action précipitée.

La stratégie indicielle n’est pas une baguette magique. C’est une méthode robuste, conçu pour transformer la patience en patrimoine.

Le pire choix d’investissement, c’est de ne pas investir du tout.

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